En novembre 1975, le Théâtre de la Dame de Cœur (TDC) naît du regroupement de quelques comédiens de Montréal. Quelques mois plus tard, en février 1976, le groupe prend la décision de s’incorporer en compagnie à but non lucratif sous le nom de « Société Culturelle du Lys inc. » avec comme objectif la recherche, la création et l’accessibilité.
La nouvelle compagnie, désireuse de s’installer en région, déménage ses pénates à Roxton Falls sur le terrain de camping où elle présentera des spectacles durant deux étés consécutifs.
C’est en 1978 qu’elle découvre le magnifique site d’Upton et s’y installe pour y faire la démonstration exhaustive de la vocation culturelle des lieux. Les dix premières années ont été nécessaires pour y faire des racines et y installer un partenariat avec les intervenants de la région. Des débuts héroïques, sous l’œil sceptique du voisinage qui doutait fortement des capacités de la troupe.
Dès le premier été 78, au rez-de-chaussée du Vieux Moulin, le TDC a rendu opérationnel, un théâtre de 150 places avec un minimum de commodités. Pendant onze ans, ce lieu aura produit des textes de création proposant au public des scénographies éclatées. Ses activités cesseront en 88, alors que la Troupe se consacrera définitivement au genre allégorique dans sa salle extérieure.
Pendant cette même période, des spectacles furent présentés l’hiver dans la grande rallonge blanche du Moulin dans une formule bar-théâtre accueillant 80 personnes. Aujourd’hui, cette bâtisse n’existe plus. Également il y eut quelques créations de spectacles pour des tournées dans certaines salles du Québec.
Cependant, la ligne maîtresse du travail de création du TDC débute à l’été 79 avec la production d’un spectacle de marionnettes géantes sur l’eau, au croisé des deux rivières en plein coeur du site. Ce spectacle majeur s’inscrivait à l’intérieur d’une grande fête populaire organisée par la population d’Upton. Seulement deux représentations furent données à la fin août devant deux mille personnes. Ce spectacle féerique, créé avec l’aide d’une soixantaine de participants, fait partie maintenant de la légende… mais pas pour toujours selon la compagnie.
Ce spectacle sur l’eau, avec ses exigences techniques, ses coûts élevés de production et son grand besoin de main-d’oeuvre ne pouvait être qu’événementiel. D’autant plus qu’il n’y avait à l’époque aucune infrastructure pour l’accueil du public.
Le TDC doit donc vivre un purgatoire de trois ans avant qu’il ne trouve une nouvelle voix scénographique pour sa recherche en dramaturgie allégorique.
Une cave en ciment, de 80 pieds sur 40 pieds, située à l’arrière du Manoir, deviendra le nouvel espace d’exploration du TDC. Le public, installé dans cette « piscine » à ciel ouvert, pouvait voir s’animer autour de lui des personnages fabuleux. Le lieu était rudimentaire. Le public, installé sur des vieux bancs de théâtre, devait se tordre pour suivre l’action sur trois côtés. Pendant cinq ans, malgré tout, les spectateurs ont su encourager cette formule d’agora-castelet, appelé par ses artisans « pinnassol ». Déjà la critique était dithyrambique. Il aura fallu attendre en 1987 pour la construction de la salle de spectacle extérieure et de l’atelier de production. Lors de la construction de cette nouvelle salle, la cave en ciment fut démolie.
En 1992 la compagnie commence à exporter son expertise en décrochant trois contrats majeurs à Montréal. Pendant les dix années qui ont suivi, ces contrats extérieurs n’ont cessé de se multiplier avec, en 2002, une première grande production internationale à Singapour.
Les quatre phases de développement immobilier qui ont marqué l’histoire du site de la Dame de Cœur :
- 1987 – La construction de la salle de spectacle extérieure comprenant les sièges pivotant et bretelles chauffantes, de l’atelier de production, du champ d’épuration et suite à un incendie en février 1988, les travaux de restauration du Manoir.
- 1991 – La construction d’un deuxième atelier de production, l’aménagement d’un stationnement pour le public, la restauration du Vieux Moulin et de l’une des résidences.
- 1995 – Un été extrêmement pluvieux en 94 force la compagnie à se doter d’un toit au-dessus de la salle de spectacle extérieure. Cette troisième phase permet la construction du toit, l’ajout d’une pergola pour le public, l’acquisition d’équipements de son et d’éclairage ainsi que la mise en place d’une billetterie informatisée.
- 2003 – La construction du premier Centre d’Interprétation de la Marionnette Baroque Desjardins (CIMBAD). Depuis, environ 25,000 jeunes sont venus vivre une animation. Ce lieu sert aussi de musée de la marionnette durant la saison estivale et d’espace de formation professionnelle pour les marionnettistes.
Avec ces acquis, le TDC concentre ses activités autour de trois axes principaux : les productions théâtrales au Domaine de la Dame de Cœur, le CIMBAD et des productions hors site avec de grands événements.
Conjuguant sa recherche théâtrale à des lieux de diffusion non traditionnels, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, le TDC a su développer une forme de représentation unique en son genre. Au fil des ans, il est devenu un attrait touristique majeur en Montérégie qui attire plus de 30,000 visiteurs annuellement et génère des retombées importantes pour la région et les environs.
Aujourd’hui, le TDC est reconnu à l’international pour la production de ses spectacles à grand déploiement intégrant la marionnette géante, comme la présentation de Wintuk au Madison Square Garden à New York, la conception du spectacle Drapen en tournée en Norvège, Harmonie au Japon et Hong Kong et dans plusieurs autres grandes villes à travers le monde.
Nous tenons à remercier deux grands pionniers, Messieurs Richard Blackburn, directeur général et artistique, et René Charbonneau, directeur de production, qui ont fondé le Théâtre de la Dame de Cœur et qui sont toujours présents en action depuis 40 ans !
Il est également essentiel de souligner le soutien constant du conseil d’administration dont l’implication contribue à faire grandir l’entreprise pour ses quarante ans.